Il est difficile d'admettre que pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, nous subissons un recul en matière de mobilité individuelle. Et c'est pourtant là une évidence à en juger par les volumes d'échanges sur le sujet de la voiture électrique. En effet, ces échanges ne portent pas sur la différence d'agrément de conduite entre thermique et electrique. Non, ils resultent des tentatives désespérées de trouver des moyens de mitiguer les symptômes du recul de l'électrique en matière de mobilité:
Stress de la panne sèche,
Frayeur de la station occupée ou inopérante,
Irratation des arrêts multiples forcés,
Peur des températures basses, chaudes, de la nuit ou de la pluie
Jusqu'à présent, la voiture était synonyme de liberté, elle permettait de nous déplacer n'importe où, n'importe quand, presque sans limite. Une seule auto pouvait tout faire ou presque, pour aller chercher le pain ou traverser l'Europe.
Mais cela a changé. Désormais, il nous faut segmenter nos déplacements, définir nos cas d'usage : maison individuelle ou appartement, capacité de recharger au travail, trajet urbain en ZFE, péri-urbain, rural, autoroutier, trajet court, long, départ en vacances, en famille, seul, en couple, alternative pédestre, trotinette, bicyclette, train, bus, location ponctuelle, autopartage... Un usage, une solution mais adieu l'insouciance, adieu la simplictié.
Résultat, seuls les plus aisés peuvent conserver la quiétude dans leurs déplacements sans avoir à subir ici et là les déagréments d'un véhicule trop spécialisé, pas assez versatile. Leur recette ? Mixer les types de technologie. Monsieur possède un V8 pour le week-end, une électrique pour aller au boulot. Madame roule en SUV plug-in hybride... Facile dès lors de vanter fièrement les avantages de l'électricité.
Oh bien sûr, les autres qui n'ont pas cette flexibilité tenteront également de convaincre la communauté de leur choix, afin de se convraincre eux-même que leur nouvelle acquisition sur batterie, n'est pas un recul à leur mobilité passée.
Ce recul factuel, n'est pas ineluctable. Il est la conséquence d'une industrie en mutation à marche forcée, de la faute de politiciens poussés à agir pour l'avenir de la planète, même si c'est de façon inepte. Un jour viendra où la technologie nous restituera notre liberté de nous déplacer sans arrière-pensée, culpabilité, planification ou compromis. En attendant ce moment, je comprends ceux qui, en l'absence de bonne proposition, ont décidé d'attendre ... et de voir.